L'éphéméride (2005)
(Emma / AZ Universal) en écoute ici
De Rien appartient à cette race de groupes qui forgent leur succès quasiment sous le manteau, portés par un public qui aime goûter la pudeur et la sincérité de leurs textes, le charme de cette poésie parée de mélodies simples avec l’authenticité d’un orchestre acoustique. Découverts en 2001 pendant les Chantiers des Francofolies, De Rien a franchi les étapes de l’anonymat en se fiant des modes, en se forgeant une âme, un son et un style. Et d’abord celui du chanteur : Thibaut Derien, avec ses allures de dandy aristo et des faux airs de Gainsbourg encore vert, est de ceux qui remettent le texte au service d’une mélodie, aime les équivoques et cultive sa bohème avec détachement. Et ce sont les mélodies fines de Manu Laisné et Benjamin Scampini bien assorties avec les textes de Thibaut et les arrangements de cordes, chœurs et cuivres bien enlevés qui insufflent une bouffée festive à la mélancolie.
Le premier album « Instants Fanés » dévoilait chaque chanson comme une image, un polaroid, un instant fugace dans lequel s’immobilisait une impression, un sentiment, une émotion… un album de chansons, comme un album de photos que l’on garde pour soi. Pour De Rien, les chansons sont toujours des instants, et puisque «L’éphéméride» n’est autre que la succession des jours, c’est tout naturellement que Thibaut décrit le temps qui passe après avoir dépeint le temps passé. Chaque chanson est comme un rendez-vous avec soi-même, un agenda où l’on griffonne dans un coin l’émotion du jour.
Enregistré au Studio Acousti par Alain Cluzeau (Paris Combo, Bénabar, etc…), L’éphéméride enrichit la palette sonore du groupe avec l’adjonction des cuivres et des cordes, les percussions qui apportent assise et swing, et la guitare électrique qui ajoute une touche rocailleuse à l’ensemble. Sur scène, l’énergie des musiciens donne tout son relief aux chansons de De Rien, dévoile la présence de son chanteur, et un humour, une ironie douce amère qu’on ne lui soupçonne pas.