Sur scène dans une minute ! (2012 / 2016)
C’est vrai, ils font un peu la gueule. Certains regardent dans le vide, d’autres gardent
les yeux clos, il y en a qui se prennent la tête dans les mains, marchent de long en large, fument un clope ou réaccordent leur guitare. Trac, trouille, pétoche, stress. Concentration et excitation, on se rejoue une dernière fois les gestes, les notes, les mots à venir. Tous logés à la même enseigne, quelque soient la salle, les coulisses, les lumières, la couleur du rideau. Dans une minute ils seront sur scène.
Une sensation que connaît bien Thibaut Derien. Pendant plus de dix années il a fait chanteur, avec son groupe éponyme ou en solitaire, au long de quatre albums à la veine poético-réaliste et de nombreuses tournées pas toujours des grands ducs.
Des chansons en forme de cartes postales, d’instantanés tendres et complices,
des images sonores concoctées avec l’œil du photographe qu’il a toujours été. Aujourd’hui qu’il a reposé le micro, Thibaut garde ses anciens confrères et sœurs dans son cœur et dans son viseur. Jusqu’à se glisser dans leur loge les soirs de concerts, pour capter à l’improviste ces instants de recueillement, ces moments privés nullement posés qui caractérisent, au fond, la solitude du chanteur.
« Sur scène dans une minute ! », série de portraits d’artistes dans l’attente du grand saut, suspendus dans l’apesanteur du cocon des backstages, est davantage qu’un défilé de beaux visages tendus à la gravité presque pieuse, à la ferveur méditative. Plutôt un petit théâtre intime, un prélude immobile, un prologue silencieux, comme une symphonie muette, un concerto en apnée. Et même en images, c’est encore de la musique.
Philippe Barbot

Boule / Théâtre L'Arrache-Coeur (Avignon, juillet 2016)
Comme me le dit souvent mon ami Jidé Jouannic (contrebassiste de Sanseverino): "quand on ne sait pas jouer on s’habille bien!".
Je vérifie plusieurs fois ma braguette, je parle aux copains qui m’accompagnent sur scène: "vous savez ce qu’on mange ce soir? J’espère que c’est pas encore du boeuf bourguignon… On part à quelle heure demain ? Il y a un super disquaire en ville … Avec la chaleur ma guitare a du se désaccorder… Cool, il y a du monde ce soir, et quelques pros. Il faut que j’y aille et j’ai envie de pisser. De toute façon, ils m’attendent, j’ai le temps". Attention braguette…
Boule

Benoît Dorémus / Théâtre L'Arrache-Coeur (Avignon, juillet 2016)
La minute qui précède la montée sur scène, j’ai beau bien la connaître, je ne m’y habitue guère... Je suis plutôt nerveux, je ne tiens pas en place, je vérifie des trucs déjà quinze fois vérifiés, je rumine, je ressasse… Heureusement je fais aussi pas mal le guignol, j’essaye de faire rire les personnes qui m’entourent. Enfin, je me demande presque toujours ce que je fous là au juste, et j’ai la réponse dès qu’elle est terminée et que "ça" commence.
Benoît Dorémus

Askehoug / L'Auguste Théâtre (Paris, avril 2016)
Si on s’amuse, ils s’amuseront.
Si l’on est émus, ils le seront.
Et ce sont eux qui nous donneront le jus de toute façon.
Alors allons-y…
Askehoug

Chloé Lacan / Bobino (Paris, février 2016)

Sages comme des Sauvages / L'Alhambra (Paris, février 2016)
Avant de monter sur scène, on se maquille et on se déguise. C'est un rituel. C'est une manière d'être des super-soi, pas des êtres différents mais des nous en mieux. Historiquement, les gens se maquillent pour faire la fête ou pour faire la guerre. Un concert c'est un peu ça, entre une fête et une guerre. Une guerre contre la peur de pas être à la hauteur de ce qu'on veut raconter, une fête avec le public et les collègues. Après le concert on se démaquille, le trac part dans le lavabo avec les traînées de maquillage rouge. Mais il en reste toujours un peu et ça fait des cernes, le lendemain, on a l'air louche.
Ava Carrère / Sages comme des Sauvages

Sanseverino / Casino de Paris (Paris, novembre 2015)

Keith Kouna / Théâtre d'Ivry (Ivry, octobre 2015)
Avant de monter sur scène, je m'emmerde toujours un peu. Le temps flotte tranquillement dans la loge, petite cellule avec des miroirs et des gâteaux. J'envoie des signaux de fumée à mon ami imaginaire. J'attends que le couperet tombe sur la suspension et que ma tête roule sur scène.
Keith Kouna

JeHaN & Lionel Suarez / Théâtre d'Ivry (Ivry, octobre 2015)
La minute pour vérifier, le moment de méditer, un instant de vérité : je troque le trac contre rien, le rien nous vas si bien.

Robi / Pan Piper (Paris, juin 2015)

3 minutes sur mer / Pan Piper (Paris, juin 2015)
Je me sens comme un St Diable. Avec cet ennemi fidèle qui est «moi-même». Avant de monter sur scène il y a ce besoin d'être vu, reconnu, aimer. Il y a la place pour la peur. Celle qui fait faire des saloperies . Alors chaque soir je me soigne. Je respire et renifle d'autres mots. Pour laisser venir le trac avec «envie» et «tendresse». Je serre fort mes compagnons comme pour m'essorer d'un venin. Après je ne veux plus prendre. Je veux donner. Après il ne faut pas se rendre, Il faut monter.
Guilhem Valayé / 3 minutes sur mer

Imbert Imbert / Théâtre Edwige Feuillère (Vesoul, mai 2015)
La minute avant de monter sur scène est peut être l’endroit où se concentre la réponse à la question du pourquoi monter sur scène…et bien que nous les chanteurs,avec le talent pour les boniments qui caractérise cette occupation, aimerions à dire que c’est surement un moyen contrôlé d’hurler tout ce qui nous étouffe: la peur de vivre et de mourir, l’angoisse de ne jamais rien savoir qu’au moment de ne plus en avoir besoin, toutes les bonnes raisons et avec les multiples manières qu’on peut avoir de gueuler, c’est surtout, bien malgré nous, la marque d’un égotisme criant. Et cette minute est le moment précis où l’on se prépare à l’assumer…ce qui n’est pas toujours facile.
Personnellement, je n’ai aucune espèce de trac, plutôt du remords face à ce manque d’humilité, que je soigne à coups de contrebasse, qui remet l’homme à sa place…Mais une fois la chanson écrite, que ceux que ça peut intéresser l’écoutent, et que les autres restent chez eux, le monde ne me doit rien et je ne dois rien au monde. Donc j’assume: je m’aime et je vous emmerde, le temps de le dire…et de placer une petite insulte de rien du tout parce-qu’il faut bien se défouler sur quelque chose, c’est aussi ce qui caractérise notre occupation.
Mais pour aller plus loin en profondeur, et pour laisser parler l’autre moi-même qui commence à faire la gueule, je vois dans cet acte non seulement un besoin d’amour évident, très certainement dû à une sorte de traumatisme pré-natal ou pré-historique, quasi universel, un moyen de se cogner aux autres comme pour mieux s’entendre vivre, mais aussi un rapport au risque, presque masochiste, à l’instar des amateurs de saut à l’élastique ou autre parachutiste. Et cette minute dont on parle est très similaire à ce moment où debout, au bord de la falaise, on s’apprête à se jouer de la mort. Un bon moyen de mettre en relief la vraie consistance de la vie.
Et pourquoi pas, d’en faire un cliché…
Imbert Imbert

Vincent Delerm / Casino Théâtre, Voix de Fête (Genève, mars 2015)

Ben Mazué / Chat Noir, Voix de Fête (mars 2015)
Je me chauffe la voix, je me détends, je me tends, je recommence les textes à dire, je scanne le spectacle, je me redétends. Puis je m’assouplis, je pense que je l’ai déjà fait cent fois, que le mieux est d’être calme, sans non plus s’assoir sur une mollesse coupable. Je cherche à être cet animal en cage, celui qui a envie d’en découdre. Bref, j’ai le trac. La meilleure manière pour le décrire, c’est la scène qui précède et suit le combat clandestin dans “De rouille et d’os” d’Audiard.
Ben Mazué

Yoanna / Théâtre Pitoeff, Voix de Fête (Genève, mars 2015)
Avant d’aller sur scène, la minute d’avant, je me pince. Pour m'assurer que tout ça est bien vrai.
Je sers fort mon binôme dans mes bras. J'ai envie de vomir, d'hurler et de partir en courant... Et en même temps j'ai envie de prendre mon accordéon et d'y aller… C'est comme si toutes les émotions que nous ressentons étaient toutes là au même moment ! Je suis immense et minuscule. Puissante et fragile. Prête à rire et à pleurer. A vomir ou à chanter. Je ne sais plus trop qui je suis mais je sais que je vais devoir y aller. Et j'espère de tout mon corps que j'en sortirai vivante…
Yoanna

Miossec / Casino Théâtre, Voix de Fête (Genève, mars 2015)

Oldelaf / Grande scène, Voix de Fête, (Genève, mars 2015)

Fantazio / Petit Bain (Paris, février 2015)

David Lafore / Petit Bain (Paris, février 2015)
J'ai le trac. Les jours où je n'ai pas le trac, ça m'inquiète, ça m'angoisse, ça me donne finalement le trac.
David Lafore

Jeanne Cherhal / Le Bataclan (Paris, juin 2014)

Agnès Bihl / Théâtre des Bouffes Parisiens (Paris, mai 2014)

Renan Luce / Le Trianon (Paris, mai 2014)

Hildebrandt / Les Trois Baudets (Paris, mai 2014)
Ces derniers mois, je suis souvent monté seul sur scène… Pas de manière systématique, mais souvent. Jusqu'alors, je m'y étais toujours confronté avec des musiciens, les mêmes depuis des années, mes frangins…
Cette minute confuse, de doutes (oui oui au pluriel, pourquoi je suis là, pourquoi cet égo, pourquoi cette peur, pourquoi cette chanson, pourquoi ici), d'excitation, de vérification, de souffle n'est pas la même si je suis seul ou en groupe. Elle n'est pas la même, mais elle doit n'avoir qu'un objectif : penser à ne pas penser, je ne dois pas oublier de ne pas penser… C'est à dire ? Ben, tout ce que je fais sur scène, je suis sensé l'avoir préparé, le maîtriser, le connaitre, alors, dans une minute, il ne me faudra ni calculer, ni anticiper, ni analyser. Il me faudra faire et sentir. Un animal conscient !
C'est souvent plus facile avec mes frangins : on devient idiots, on sait le faire, comme des ours en bande, on sait le faire très bien même, et depuis longtemps… On n'est pas très ouverts aux autres, c'est con mais c'est comme ça. On rigole.
Quand je suis seul, je me transforme en un être un peu sociable et je reste avec les gens qui sont là, on boit un verre, on discute et je tâche d'oublier pourquoi je suis là… Ou alors je m'isole et je souffle, je fais des trucs avec mon ventre, des trucs que vous ne voulez pas voir… Le ventre c'est le cerveau qui ne pense pas.
A l'instant où j'écris ces quelques mots, j'essaie de retrouver les sentiments de cette minute bizarre, je me replonge dans cette minute d'avant livraison, alors, là tout de suite, à l'instant où je vous écris, je tremble carrément…
Hildebrandt

Emily Loizeau / Casino Théâtre, Voix de Fête (Genève, mars 2014)

Sarah Olivier / Casino Théâtre, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
Parler de ma salade foutrac intérieure, ça ne me plait pas … Par pudeur peut-être… Mais exceptionnellement je vais révéler un de mes nombreux toc préscéniques : je compte tout… Mais alors vraiment tout… Les marches d’escalier, les fenêtres, les carreaux au sol, les différentes paires de chaussures du groupe, mes dents, mes doigts, la cravate de Stephen… Bref… C’est très intéressant, n’est-ce pas? Et juste avant de monter sur scène je me dis : “Pourvu qu’un potard ne me tombe pas sur la tête!” Et aux autres je leur dis : “dites-vous que je vous aime et foutez-vous du reste…!"
Sarah Olivier

Didier Wampas / Grande Scène, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
Généralement avant de monter sur scène je mets mon costume de Super Héros qui me permet de faire n'importe quoi, de voler, de jouer de la guitare avec un doigt, de sauter pendant deux heures et de hurler sans me "casser la voix " ( comme dirait l'autre). Visiblement ce jour là je n'étais pas encore tout à fait prêt, peut-être un petit retard à l'allumage ?
Didier Wampas

Lior Shoov / Chat Noir, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
J’entends mon coeur qui bat, je le laisse vibrer et réveiller tout mon être, il danse à l’intérieur de moi, doux et sauvage. Je me sens vivante, très vivante ! Je respire… respire. Je me secoue, je me secoue plus. Je respire… Je m’observe et je me dis : si je tremble à l’intérieur, donc tout est là. Maintenant tout ce qui me reste à faire est de chanter, me chanter.

Klo Pelgag / Casino Théâtre, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
À ce moment précis, j’ai souvent envie d’aller faire du ski dans les Alpes, mais ça passe toujours.
Klô Pelgag

Albin de la Simone / Casino Théâtre, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
Dans les quelques minutes qui précèdent le début du concert je suis obsédé par trois choses : l’ennui que je risque d’infliger au public, l’énorme fatigue qui s’abat brutalement sur moi, et mon ventre qui vient de prendre des proportions déraisonnables. Heureusement ces préoccupations s’évaporent instantanément au moment où j’entame le premier morceau.
Albin de la Simone

Joseph d'Anvers / Chat Noir, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
Sa gorge se serre encore un peu plus. Ses yeux le piquent, mais il n'a plus la force de les frotter. Autour de lui, le bruit se fait sourd et enveloppant. Il tremble un peu.
Le sang afflue trop vite à ses tempes et chaque coup est pour lui une souffrance. Il avale le peu de salive qui lui reste. Il aimerait en finir.
Il peut sentir chaque parcelle de son corps trop maigre, et chaque seconde qui passe lui rappeler combien il est vivant. Encore vivant.
L’impatience se mêle à la peur. Envie d’en découdre, d’y aller pour de bon.
Mais pas encore. C’est trop tôt.
Les bruits autour ont disparu.
Seuls sa respiration et ce putain de sang qui ne s’arrête pas de cogner résonnent dans le silence. Une goutte de sueur glisse lentement le long de son front, pour rejoindre ses yeux, ses lèvres, sa bouche. Le salé se mêle aux goûts du tabac et du whisky.
Ses yeux se ferment. Noir. Silence. Presque.
Il les entend, de l’autre côté. Combien sont-ils ?
(…)
On lui saisit le bras. On le guide. Il inspire profondément, et ses poumons brûlent. Il ne peut plus reculer. Le couloir est long. Très long. La rumeur s’amplifie. Ses jambes ne le portent quasiment plus mais il avance quand même. Dans sa tête, des mots, des images, en accéléré. L’envie de fuir, d’être chez soi, seul. Qu’on lui foute la paix. Que personne ne soit jamais venu le chercher. Se perdre à jamais, courir, avoir faim, dormir, boire encore et encore, plonger son regard dans celui d’une femme, être allongé sur une plage, attendre le soleil, aimer la pluie, risquer sa vie, l’aimer, la chérir et puis la risquer encore, y tenir, tenir debout, fier et décidé. Tout. Tout ce que vous voudrez. Tout. Mais pas ça.
Le couloir n’en finit pas. Au bout, une lumière blafarde. Ian est seul . Avec lui-même. Avec eux, qui l’attendent. Avec la peur de l’inconnu. Mais il doit faire face, seul.
Soudain, ses paupières s’ouvrent. Le son est très précis.
Son corps se redresse. Le poids des ans n’est plus qu’un souvenir. Les douleurs et les peurs se sont enfuies et seule l’impatience demeure.
La vacarme commence et les hurlements couvrent quasiment ce pour quoi ils sont venus. 150 bpm. Son cœur est au bord de la rupture. Il passe une main dans ses cheveux, inspire une dernière fois puis regarde celui qui se tient maintenant droit devant lui.
-OK…
Ce dernier ouvre la porte battante et s’efface devant Ian, qui avance à pas de velours jusqu’au micro.
extrait du roman de Joseph d’Anvers “La nuit ne viendra jamais” (Editions Pocket)

Zedrus / Théâtre Pitoeff, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
Une minute avant de monter sur scène, je ne pense pas, comme d’habitude. Il reste trop peu de temps avant de vivre. Une minute avant de monter sur scène, je me dépêche de mourir encore une fois. Une minute avant de monter sur scène, je ne pense pas, comme d’habitude. Je fais, pendant une minute. Une dernière langue se glisse dans ma bouche, une dernière larme divine vient se glisser dans ma bouche. Une dernière cigarette innocente nait dans ma bouche. De la fumée, qui fera durer ma vie moins longtemps plus intensément, se glisse hors de ma bouche. Un dernier « je t’aime » qui durera toutes les minutes de l’envie, se glisse hors de nos bouche. Dans une minute, ses oreilles lècheront les mots qui se glisseront hors de ma bouche. Une connerie glisse hors de ma bouche, comme d’habitude. Une minute avant de monter sur scène, ses mains me frôlent comme des seins. Je me sens seul. Ses bras autour de moi sont un linceul de soie. Son sourire me fait oublier que je ne pleure pas. Ses yeux me font oublier la minute qui passe. Dans une minute, je les raconterai à tous ceux que je vais rencontrer. Une minute avant de monter sur scène, elle ne sera plus là dans une minute. Une minute avant de monter sur scène, je l’aime plus qu’une minute. Une minute avant de monter sur scène, je plane parce qu’elle m’a beaucoup donné d’elle. Une minute avant de monter sur scène, je pisse et je bande. En une minute, je jouis de partir pour l’au-delà du rideau. J’ai la chiasse, elle va me porter la poésie. Une minute avant de monter sur scène, j’ai peur des gens qui vont m’aimer. J’ai peur parce que je ne risque rien. Une minute avant de monter sur scène, je vomis en moins d’une minute, elle en vaut l’haleine. Une minute avant de monter sur scène, je ne suis pas sur scène. Une minute avant de monter sur scène, je ne perds pas la mémoire. J’imagine que dans une minute on va applaudir mes mauvais souvenirs. Dans une minute, je ne serai pas un autre, sans les autres je ne serais pas sur scène dans une minute. Une minute avant de monter sur scène, j’aimerais être sur scène depuis une minute. Une minute avant de monter sur scène, mes amis musiciens sont à une minute de monter sur scène. A une minute de monter sur scène, je pense à mon père et à ma mère, même s’ils ne sont pas morts. Une minute avant de monter sur scène, j’ai une une minute pour garder les pieds au paradis. Une minute avant de monter sur scène, il ne reste plus qu’une minute pour que le concert soit annulé. Une minute avant de monter sur scène, ceux qui ne viendront pas, n’ont plus qu’une minute pour me manquer. J’éteins mon téléphone pour ignorer qu’elle n’a pas écrit, pour ne pas déranger les gens de la salle. A une minute de monter sur scène, je demande où en est mon équipe favorite à une minute de la mi-temps. Une minute avant de monter sur scène, c’est toute une vie.
Zedrus

Ottilie B / Chat Noir, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
Instant fébrile, je me rassure avec des mots aimants, me maquille, un peu.
J’ai souvent envie de bondir sur scène et de partir en courant à la fois, je fais un effort sur-humain pour me concentrer et calmer l’agitation. Et enfin Ici, dans la tempête, je suis alors comme absente pour me préparer à plus de présence.
Entrer en scène, c’est sortir du monde de la réalité pour aller vers le monde du réel, l’espace du jeu et de tous les possibles.

Benoit Paradis Trio / Chat Noir, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
Avant de jouer, j'ai hâte et peur, comme avant de sauter du haut d'une falaise. Alors je danse en chantant des tounes ketaines avec Chantale et Ben.
Benoit Paradis

Batlik / Théâtre Pitoeff, Voix de Fête (Genève, mars 2014)
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe,
Pourvu que rien ne se passe...

Gerald Kurdian / Mains D'Oeuvres (Saint-Ouen, février 2014)
Il faut se rassembler, réunir les espaces, les fantômes, les paysages. Une cigarette peut-être, une plongée.
Gérald Kurdian

Eric Lareine / La Scène du Canal (Paris, février 2014)
Je suis sous l’eau, je me contiens,
quelques bulles à la surface et le public frémissant,
dans une minute,
je frapperai le fond du bassin pour apparaître à l’air libre,
éclaboussant, devenu mammifère.
En attendant, j’étouffe.
Eric Lareine

Da Silva / Café de la Danse (Paris, février 2014)
Avant de monter sur scène, j’essaie de ne pas penser au concert, à ce que je vais faire ou dire, j’essaie d’oublier de faire comme si de rien n’était, je m’habille, je bois un verre avec les amis. J’arrive assez tard dans la loge, j’essaie au maximum d’être le moins préparé pour la scène afin que se soit un électrochoc le moment venu !
Da Silva

Babx / Théâtre des Deux Rives (Charenton-le-Pont, janvier 2014)

M / Bercy (Paris, décembre 2013)

Alexis HK / Espace 1789 (Saint-Ouen, octobre 2013)
C'est toujours un mélange de doute et d'enthousiasme qui m'étreint avant d'arriver sur scène, pour moi qui ai choisi de faire ce métier afin de lutter contre une timidité maladive...
Alexis HK

Bertrand Belin / Le Trianon (Paris, octobre 2013)

Daniel Hélin / Théâtre Stok (Zurich, septembre 2013)

Dimoné / Les Trois Baudets (Paris, septembre 2013)
J’ai sommeil, j’ai tellement sommeil que je me dis que je ne tiendrai pas debout sur scène, dans cet espace hostile, légèrement sur-élevé, suffisamment dégagé pour être vu par le moindre sniper, cette zone où l’on doit sur-vivre. A cet instant je me provoque, je me déconstruis après m’être menti pour en arriver là, je me dégomme sans métaphores, elles qui m’ont couvert, je les laisse au vestiaire après les avoir chéries en plusieurs fois trois minutes trente et bien plus parfois, après avoir éviter d’être frontal, là, je suis moins que normal pour un instant extra-ordinaire, c’est pas la vie ou plutôt si, je ne sais plus. J’attends le dernier moment pour faire la mue, mettre mon cuir étriqué sur mon ventre naissant, me prendre pour un homard chez Bouglione, et laisser mes poils pleurer à la place de mes yeux. Je me dis que c’est sacré mais pas sérieux. Je suis du matériau, le corps s’occupera des mots, je m’oublie.
Dimoné

Jamait / Pan Piper (Paris, juillet 2013)
J’ai beau chercher dans le catalogue de mes émotions vécues, rien ne ressemble à ce que je ressens avant de monter sur scène.
Il est donc très difficile de décrire ce qui me traverse… une profonde excitation, une envie d’en découdre, une faim que je vais rassasier… peut-être… mais tout ça change selon le soir, la salle, la vie…
Souvent je fais des petits sauts sur place, un peu comme un boxeur… Comme si j’allais affronter quelque chose, me défier… En tous cas j’exulte comme jamais, si je peux dire…
Cette exaltation mène à l’addiction et cette addiction à la peur qu’un jour tout ça n’existera plus…
Jamait

Sophie Maurin / Les Trois Baudets (Paris, juin 2013)
Les quelques minutes qui précèdent le concert sont celles que j’aime le moins. Curieux moment qui mêle angoisse, impatience et exaltation. J’ai besoin d’être seule. La pause maquillage me calme, elle est devenue ce rite nécessaire pour me concentrer.
Une fois sur scène, la peur s’évapore et laisse place à cette précieuse euphorie retrouvée.
Sophie Maurin

Wally / Théâtre Le Funambule (Paris, juin 2013)
Juste avant de rentrer sur scène, je me dis souvent qu’il y a des choses plus graves dans la vie que de fouler un plateau de théâtre! Par exemple, qu’il y a des gens qui meurent toutes les minutes ! Ca doit me rassurer ! Non pas que les gens meurent, non ! Enfin, si! Parce qu’à ma connaissance, dans ces professions artistiques, hormis Jean-Baptiste Poquelin, rares sont ceux qui trépassent en direct. Donc peu de chance pour moi de mourir au travail, c’est déjà ça ! Dalida en avait très envie, mais comme souvent dans ces métiers, on promet, on promet et on meurt dans son lit ou dans la cuisine, je sais plus où c’était ?! Bref, relativiser m’aide sûrement à contenir ce que l’on appelle le trac ! Personnellement, je n’ai pas beaucoup le trac et je pense à cette citation que tout le monde connaît de Louis Jouvet « Le trac, ça vient avec le talent ! » Cette citation, je la trouve idiote, car je connais des gens qui ont un trac fou, mais aucun talent…
Wally

Nevchehirlian / Maison des Métallos (Paris, juin 2013)
A vrai dire, rien de miraculeux. Et puis c’est jamais pareil. Sauf cette envie de m’effacer du décor ou d’effacer mon décor intérieur, me rendre vide, transparent. Tout foutre à cinquante mètres sous terre. D’être juste à ce qui va arriver et que j’ai finalement longtemps rêver de vivre. Faire des concerts.J’aime aussi regarder un peu les gens entrer derrière le rideau, sentir l’ambiance de la salle. Puis rire aussi avec les musiciens du groupe. Dire des âneries, si ça vient.
Nevchehirlian

Wladimir Anselme / Les Trois Baudets (Paris, mai 2013)

Barcella / La Cigale (Paris, mai 2013)
Espérer à n’en plus sourire
Essayant l’espace d’un soupir
De savourer la peur du vide
Pour goûter au bonheur de vivre.
Barcella

Maud Lubeck / Les Trois Baudets (Paris, mai 2013)
Cette minute ressemble un peu à la dernière. Manque d’oxygène. Je déserte mon corps et rejoins le bord de mer, je fais la planche sur l’eau en plein soleil, me blottis dans des bras que j’aime, me pose au sommet du mont Everest…
Maud Lubeck

Cali / Le Bataclan (Paris, mai 2013)

Kent / Café de la Danse (Paris, avril 2013)
C’est l’instant le plus douloureux de la soirée. Où je doute de tout, de ma mémoire, de mes chansons, de ma capacité de plaire au public, du public. L’instant où j’ai peur de décevoir ou d’être déçu. L’instant où je me demande pourquoi je continue à vouloir monter sur scène, quel sens cela a-t-il. Inspirer, expirer, penser à tout autre chose. Comment s’appelle ce canard gris perle qu’on voit en Baie de Somme ?
Kent

Maissiat / Café de la Danse (Paris, avril 2013)

Loic Lantoine / L'Epicerie Moderne (Feyzin, mars 2013)
On m’a bien expliqué que pour éviter le trac il faut penser à autre chose, ce jour là j’avais décidé de laisser le gaz allumé à la maison. Sur la photo de Thibaut je suis en train de me demander si j’ai pas fait une connerie.
Loic Lantoine

Bertrand Louis / La Manufacture Chanson (Paris, mars 2013)
Qu’est-ce que je fous là ?… N’importe où hors de cette loge… Il y a des gens qui attendent dans la salle…Y’a qui ?… Il y en a même qui ont payé… Est-ce que Machine de Trucmuche Média est là ?… Combien de temps encore?… C’est quoi les paroles ?… Pourquoi moi ?… Il va falloir plaire… (Et pourtant cette étrange envie aristocratique de déplaire)… Et tous ces gens qui viennent me voir dans cette loge comme si c’était la fête, alors que je n’ai qu’une seule envie, c’est d’être seul… C’est quoi le premier accord ?… Et l’ordre des titres ?… Combien de temps encore ?… Pourquoi tu me parles, toi ?… Combien de verres pour tuer ma timidité sans trop se la péter ?… Pas trop fumer… Combien de temps encore ?… Cela doit faire 30 fois que je me regarde dans la glace… Ça y est il faut y aller… À quoi bon?… Le régisseur vient me chercher avec une tête de je ne sais quoi…Je repense aux 107 pas de Björk avant sa pendaison… Et puis merde peu importe! ... On ne risque plus rien aujourd’hui à part l’indifférence…
Bertrand Louis

Balmino / Le Bus Palladium (mars 2013)
Une minute avant de monter sur scène je tourne en rond, des ronds dedans, des ronds dehors, je ne sais pas après quoi mais je tourne tout ce que je peux tourner..
Sûr qu’à voir nos gueules on dirait pas tant que c’est du plaisir..
On pense plutôt à l’abattoir ou une espèce de couloir de la mort, voire même qu’on aurait perdu un truc qu’on chercherait pas dans la même direction, lui en haut, moi en bas..
Ce qui est sûr c’est qu’on dirait que c’est grave ou en tout cas qu’on les trouve un peu longues ces 3600 secondes qui nous séparent du bonheur, de la libération, de l’explosion-partage-confrontation-affrontement-mise à poil et puis qu’on les compte toutes, une à une et que ça fait sûrement bien longtemps qu’on a pas compté aussi loin..
C’est un peu ça qui se passe une minute avant de monter sur scène.
Un peu de ça et beaucoup d’autres choses sûrement.
Je me rappelle plus bien.
J’étais pas là.
Balmino

Clarika / Café de la Danse (Paris, février 2013)
Une minute avant de monter sur scène, je pense en général à tout, sauf à ce qui va se passer …dans une minute. Je me disperse, je me re-re-remaquille, énième coup de blush, je brasse du vent, de l’ air, de la poussière ! Ma manière de faire le vide, sans doute !
Clarika

Amélie les Crayons / La Cigale (Paris, février 2013)
Il n’y a rien qui puisse ressembler à cet instant là. Je suis toute petite et grande à la fois. Je pense à tant de chose et finalement à rien. Je suis très concentrée et peux partir au quart de tour dans un fou rire. J’ai envie, j’ai peur.
Ce n’est pas grand-chose finalement, mais qu’est ce que c’est important…
Dans ces quelques minutes, il y a Tout.
Amélie les Crayons

Jeanne Plante / L'Européen (Paris, février 2013)
La peur au ventre, la brume dans le cervelet, la joie dans le cœur, sensation d’irréalité. Pour redescendre dans le vrai, je me cache derrière le rideau de scène, et je regarde le public s’installer. Tout devient alors concret. Qui est ce gros bonhomme, cette vieille bonne femme, cette gamine, ce couple ? La salle sera-t-elle pleine ? L’humeur est-elle à la rigolade ou tranquille? Quelle est la vie de tous ces inconnus ? Qu’est-ce qui les anime ? Quels sont leurs doutes, leurs envies, leurs chagrins, leurs folies ? Une seule certitude, ils sont vivants, et viennent chercher ici une dose supplémentaire de vie. Ils vont donc être là, assis pendant une heure et quart, pour voyager à travers moi. Consciente de ma mission, mon égo se gonfle et ma peur avec. Je repense au déroulement du spectacle, les nouveaux trucs à ne pas oublier que j’ai déjà ressassé 100 fois, et puis je me laisse aller à la sensation que je ne sais plus rien. Je gigote, je marche, je zouzouille. Je clownise, je chantonne, je vocalise. Gare à ceux qui me croisent, la politesse et les bons sentiments ne sont pas faits pour ceux qui vont monter sur scène. Je savoure ma peur et ma joie. Je me concentre sur le premier pas. La suite ne m’appartient plus ! Je ne bouge plus. Je ne pense à rien. C’est parti !
Jeanne Plante

Liz Cherhal / La Scène du Canal (Paris, janvier 2013)
Tu sais Thibaut, te dire ce à quoi je pense avant de monter sur scène, c’est compliqué.
C’est compliqué. Très compliqué.
Il y a environ un mois, juste avant de monter sur scène, je me disais que j’adorais faire des concerts, mais que ce qui m’embêtait, c’est que je n’étais jamais chez moi le vendredi et le samedi. Et ça c’est un problème.
C’est un problème très sérieux, car dans mon village les éboueurs passent le samedi matin.
Ce qui m’oblige donc à déposer ma poubelle au bout de mon chemin le vendredi soir (si je souhaite que les ordures soient enlevées, évidemment).
N’étant jamais chez moi le vendredi soir à cause de mes prestations diverses et variées dans les centres culturels de France, je me retrouve devant un choix cornélien :
Soit, je sors ma poubelle avant de partir en tournée, c’est à dire, le mercredi en général. Ainsi, elle reste plusieurs jours au bout de mon chemin, ce qui indique au tout venant que je suis absente de mon domicile. Ceci étant, je m’expose au risque de me faire cambrioler.
Ou alors, je ne sors pas ma poubelle et je me protège de ce risque.
Pourquoi pas, mais dans ce cas de figure, je m’expose violemment au risque d’attraper la peste et le choléra si je me mets à vivre au milieu de mes détritus.
Tu vois Thibaut, c’est compliqué.
Te dire à quoi je pense c’est très compliqué.
Car avant de monter sur scène, je pense aux cambriolages, à ma poubelle, à la peste et au choléra.
Je t’embrasse néanmoins.

Jeanne Garraud / La Scène du Canal (Paris, janvier 2013)
Une journée de concert n’est pas une journée ordinaire, c’est une journée qui commence beaucoup plus tard.
Souvent, une heure avant de jouer, j’ai sommeil.
J’ai l’impression que quelque chose se met en veille pour faire le plein d’énergie dans une pile à l’intérieur.
Une demi-heure avant, je me change, je me lave les dents, ça sert à rien mais c’est le réveil, c’est là que ça commence, en vrai.
Il reste 10 minutes.
C’est comme un avion qui décolle, il se met en place sur la piste, puis il accélère lentement…
Comme au réveil, un peu dans le gaz, et en même temps entièrement disponible au présent de cette journée qui a commencé extraordinairement tard.
Le reste n’a rien à faire ici.
Le reste ce sont les doutes qui habitent mes journées ordinaires, on dirait des insectes, il y a des fourmis, des scarabées, des mites, des libellules, c’est eux qui fabriquent la vie, les spectacles et les chansons loin des sunlights.
Mais là c’est une journée extraordinaire et ils ne sont pas invités, parce qu’aujourd’hui je suis un avion!! Et un avion ça ne se laisse pas emmerder par des insectes !!!!!
- Bon en fait, ils sont venus quand même et pour finir tout le monde embarque. Faut faire avec, je suis une fourmi-scarabée-mite-libellule qui fait l’avion.
C’est un avion en papier, personne ne pourra mourir.
J’aime bien regarder les gens s’installer à travers la coulisse, ils ont l’air content d’être là et je remplis mon carburateur avec leur tranquillité. Je les écoute aussi, ça fait comme un spectacle vu d’ici.
Dans une minute la lumière basculera et je soufflerai tout ce que je peux.
J’ai envie qu’on décolle ensemble de nos journées ordinaires.
Jeanne Garraud

Nicolas Jules / Le Dansoir Paris, janvier 2013)
Je passe des journées muettes à observer les gens. Un sifflement de lasso au-dessus de ma tête. J’attrape les muses, je les ligote, je leur mets deux doigts dans la bouche et je leur fais cracher le morceau. Ca paraît cruel mais à laisser filer les journées sans agir il ne se passe rien. Le peu de bile noire récolté ne me suffit qu’à griffonner trois mots, pas davantage, à la hâte au dos d’une feuille volante. Je glisse le papier dans la fissure de mon crâne (j’ai une fissure dans le crâne) et je marche jusqu’à me perdre. Le soleil, la pluie et l’égarement finiront la chanson. Je n’ai pas assez d’imagination pour faire le boulot tout seul. Je tords tout ce que je peux tordre. Le quotidien est trop raide et sa pente est trop lisse. Les mots n’accrochent pas. Je passe des journées muettes à fuir les conversations. Au bout d’un temps indéfinissable je fais passer le tout par l’électricité de ma guitare. Je fais ça la nuit pour mieux voir les étincelles et pour que les voisins énervés marquent le tempo du bout de leurs balais. Bien que l’on devine les sons, les mots restent cachés. Je les chante un peu sous la douche où le public est rare. Vient l’heure du spectacle. Je suis prêt depuis longtemps. Ne plus réfléchir. Laisser la précieuse part d’imprévisible réveiller mes réflexes. Ce soir je suis trop occupé pour avoir le temps de mourir alors je n’ai pas peur. A une minute de monter sur scène je ne pense à rien d’autre qu’au plaisir intense de quitter ces journées muettes et d’ouvrir enfin ma gueule.
Nicolas Jules

Mell / La Boule Noire (Paris, novembre 2012)
Voilà déjà quelques mois que je “dois” écrire ces quelques lignes pour dire dans quel état je me trouve avant un concert, et là je recroise Thibaut à Genève. Ca fait six mois que je lui dit que je vais le faire. Il est gentil, il sourit, me dit que je suis pas obligée. J’ai envie, ses photos sont belles, mais je ne sais jamais quoi dire. Alors je lui dis que je le fais tout à l’heure, juste avant de monter sur scène. Pour être plus vraie j’imagine.
Rien qu’à mon écriture saccadée, vous pourriez dire que je suis bien stressée. Vous auriez raison. J’évite les gens car je n’arrive pas à avoir de discussion. Je me sens con. Un peu à poil déjà. Je trempe mes lèvres à chaque phrase dans un verre de rhum, me demandant une fois de plus pourquoi je fais ce métier. Je tremble un peu, retouche ma mèche cent fois, j’ai le coeur qui bat un peu trop, je me sens fébrile. Voilà, en gros quoi. Rien de très réjouissant.
Je me parfume, je prends une grande respiration et j’y vais. Finalement comme avant un rencard amoureux.
Mell

Volo / La Cigale (Paris, novembre 2012)

Ignatus / Le Sentier des Halles (Paris, octobre 2012)
C’est un rêve que j’ai fait et j’y pense souvent juste avant de monter sur scène : je vais pisser pour la 5ème fois, au dernier moment, et dans la panique j’oublie de remonter ma braguette. Je monte sur scène avec une guitare, je chante une chanson, à la fin j’enlève ma guitare et là, toute la salle explose de rire en pointant du doigt le lieu et place du délit…
Donc, plus important que l’échauffement, plus important que la concentration, avant de monter sur scène :
je vérifie que ma braguette est bien remontée.